Le promeneur (détail) de Gaspard Friedrich. |
De profundis clamavi
J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime,
Du fond du gouffre obscur où mon cœur est tombé.
C'est un univers morne à l'horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème ;
Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre ;
C'est un pays plus nu que la terre polaire
— Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois !
Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos ;
Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide,
Tant l'écheveau du temps lentement se dévide !
De profundis clamavi
Eu imploro por tua piedade, Você, a única que eu amo,
Do fundo do abismo obscuro onde meu coração caiu.
É um universo morno com um horizonte chumbado,
Onde nadam na noite o horror e a blasfêmia;
Em cima um sol sem calor plana por seis meses,
E nos seis outros meses a noite cobre a terra;
É um país mais nu que a terra polar
— Nem animais, nem riacho, nem vegeração, nem bosques!
Ora, não há horror no mundo que ultrapasse
A fria crueldade deste sol de gelo
E esta imensa noite semelhante ao velho Caos;
Eu invejo o destino dos mais vis animais
Que podem mergulhar num sono estúpido,
De tanto que o emaranhado do tempo lentamente se desenrola!