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vendredi 21 décembre 2018

AU DEMEURANT de Jacques Prévert

AU DEMEURANT

à Georges Malkine


Dans la demeure de la liberté tout s’était très bien passé, le futur était arrivé.
Soudain, de la bouche d’un témoin, sortirent quatre vérités : le futur avait un passé.
Dans la demeure de la fiancée, c’est encore hier et déjà demain, mais le futur loin.
Vide est la corbeille, fermées les portes, tirés les rideaux.
Il n’y a pas de présent, le temps ne fait pas de cadeaux.*


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A QUEM FICA


a Georges Malkine


Na moradia da liberdade tudo tinha corrido muito bem, o futuro tinha chegado.
De repente, da boca de uma testemunha, saíram quatro verdades: o futuro tinha um passado.
Na moradia da noiva, é ainda ontem e já amanhã, mas o futuro longe.
Vazia é a lixeira, fechadas as portas, a cortina cerrada.
Não há presente, o tempo não deixa passar nada.


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Outras possíveis versões:

Vazia é a lixeira, fechadas as portas, cerradas as cortinas.
Não há presente, o tempo não é moleza.

Ou:

Vazia é a lixeira, fechadas as portas, a cortina cerrada.
Não há presente, o tempo não é brincadeira.

Ou, menos próxima do original:

Vazia é a lixeira, fechadas as portas, cerrado o cortinado. 
Não há presente, o tempo é árduo.


Tradução/ traduction de Priscila Junglos

Nota da tradutora:
*Faire des cadeaux (literalmente "fazer presentes") significa "dar presentes", mas quando se diz na negação "ne pas faire de cadeaux à quelqu'un", significa "ser duro; não deixar nada passar".


Jacques Prévert dans les rues de Paris• Crédits : Giancarlo BOTTI/Gamma-Rapho - Getty


SIMPLE COMME BONJOUR - Jacques Prévert


L’amour est clair comme le jour
l’amour est simple comme bonjour
l’amour est nu comme la main
c’est ton amour et le mien
pourquoi parler du grand amour
pourquoi chanter la grande vie ?
Notre amour est heureux de vivre
et ça lui suffit.

C’est vrai l’amour est très heureux
et même un peu trop… peut-être
et quand on a fermé la porte
rêve de s’enfuir par la fenêtre

Si notre amour voulait partir
nous ferions tout pour le retenir
que serait notre vie sans lui
une valse lente sans musique
un enfant qui jamais ne rit
un roman que personne ne lit
la mécanique de l’ennui
sans amour sans vie !

lundi 10 décembre 2018

J'ai la mémoire qui flanche - Jeanne Moreau



Paroles :

J'ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien
Comme il était très musicien, il jouait beaucoup des mains
Tout entre nous a commencé par un très long baiser
Sur la veine bleutée du poignet, un long baiser sans fin

J'ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien
Quel pouvait être son prénom et quel était son nom
Il s'appelait... je l'appelai... comment l'appelait-on ?
Pourtant c'est fou ce que j'aimais l'appeler par son nom

J'ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien
De quelle couleur étaient ses yeux, je crois pas qu'ils étaient bleus
Étaient-ils verts, étaient-ils gris, étaient-ils vert-de-gris ?
Ou changeaient-ils tout le temps de couleur, pour un non, pour un oui ?

J'ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien
Habitait-il ce vieil hôtel bourré de musiciens
Pendant qu'il me... pendant que je... pendant qu'on faisait la fête
Tous ces saxos, ces clarinettes qui me tournaient la tête

J'ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien
Lequel de nous deux s'est lassé de l'autre le premier
Était-ce moi, était-ce lui, était-ce donc moi ou lui ?
Tout ce que je sais, c'est que depuis, je ne sais plus qui je suis

J'ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien
Voilà qu'après toutes ces nuits blanches, il ne reste plus rien
Rien qu'un petit air, qu'il sifflotait chaque jour en se rasant

Tradução livre / traduction libre de Priscila Junglos

Letra:

Eu tenho a memória que fraqueja, eu não me lembro mais muito bem 
Como ele era músico mesmo, ele brincava muito com as mãos 
Tudo entre nós começou por um muito longo beijo 
Sobre a veia azulada do punho, un longo beijo sem fim 

Eu tenho a memória que fraqueja, eu não me lembro mais muito bem 
Qual era mesmo o seu nome e qual era seu sobrenome 
Ele se chamava... eu o chamava... como ele se chamava? 
Entretanto, é uma coisa de louco como eu amava chamá-lo pelo seu sobrenome. 

Eu tenho a memória que fraqueja, eu não me lembro mais muito bem 
De qual cor eram seus olhos, eu não acho que eles eram azuis 
Eram verdes, eram cinzas, eram verde-gris? 
Ou eles mudavam todo o tempo de cor, por um sim, por um não? 

Eu tenho a memória que fraqueja, eu não me lembro mais muito bem 
Ele morava nesse velho hotel lotado de músicos 
Enquanto ele me... enquanto eu... enquanto a gente fazia a festa 
Todos esses saxofones, estes clarinetes que me viravam a cabeça. 

Eu tenho a memória que fraqueja, eu não me lembro mais muito bem 
Qual de nós dois de cansou do outro primeiro 
Fui eu? Foi ele? foi enfim eu ou ele? 
Todo o que eu sei é que desde então eu não sei mais quem eu sou 

Eu tenho a memória que fraqueja, eu não me lembro mais muito bem 
Eis que depois de todas essas noites em branco, não me resta mais nada 
Nada além de uma melodiazinha, que ele assoviava cada dia de barbeando