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jeudi 20 septembre 2018

"Chanson dans le sang" de Jacques Prévert


Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
où s'en va-t-il tout ce sang répandu
Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
drôle de saoulographie alors
si sage... si monotone...
Non la terre ne se saoule pas
la terre ne tourne pas de travers
elle pousse régulièrement sa petite voiture ses quatre saisons
la pluie... la neige...
le grêle... le beau temps...
jamais elle n'est ivre
c'est à peine si elle se permet de temps en temps
un malheureux petit volcan
Elle tourne la terre
elle tourne avec ses arbres... ses jardins... ses maisons...
elle tourne avec ses grandes flaques de sang
et toutes les choses vivantes tournent avec elle et saignent...
Elle elle s'en fout
la terre
elle tourne et toutes les choses vivantes se mettent à hurler
elle s'en fout
elle tourne
elle n'arrête pas de tourner
et le sang n'arrête pas de couler...
Où s'en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des meurtres... le sang des guerres...
le sang de la misère...
et le sang des hommes torturés dans les prisons...
le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman...
et le sang des hommes qui saignent de la tête
dans les cabanons...
et le sang du couvreur
quand le couvreur glisse et tombe du toit
Et le sang qui arrive et qui coule à grands flots
avec le nouveau-né... avec l'enfant nouveau...
la mère qui crie... l'enfant pleure...
le sang coule... la terre tourne
la terre n'arrête pas de tourner
le sang n'arrête pas de couler
Où s'en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des matraqués... des humiliés...
des suicidés... des fusillés... des condamnés...
et le sang de ceux qui meurent comme ça... par accident.
Dans la rue passe un vivant
avec tout son sang dedans
soudain le voilà mort
et tout son sang est dehors
et les autres vivants font disparaître le sang
ils emportent le corps
mais il est têtu le sang
et là où était le mort
beaucoup plus tard tout noir
un peu de sang s'étale encore...
sang coagulé
rouille de la vie rouille des corps
sang caillé comme le lait
comme le lait quand il tourne
quand il tourne comme la terre
comme la terre qui tourne
avec son lait... avec ses vaches...
avec ses vivants... avec ses morts...
la terre qui tourne avec ses arbres... ses vivants... ses maisons...
la terre qui tourne avec les mariages...
les enterrements...
les coquillages...
les régiments...
la terre qui tourne et qui tourne et qui tourne
avec ses grands ruisseaux de sang.



(Jacques Prévert, Paroles, 1946)


Tradução de Priscila Junglos

Canção no sangue

Há grandes poças de sangue  sobre o mundo
Aonde vai todo esse sangue derramado
Será que é a terra que bebe e que se embriaga
bizarra de embriagrafia, então
tão séria... tão monótona...
Não a terra não se embriaga
a terra não gira titubiante*
Ela empurra regularmente seu carrinho suas quatro estações
a chuva... a neve...
a geada... o bom tempo...
Nunca ele está ébria
raramente ela se permite de tempos em tempos
um infeliz volcanzinho
Ela gira a terra
ela gira com suas árvores... seus jardins... suas casas...
ela gira com suas grandes poças e sangue
e todas as coisas vivas giram com ela e sangram...
Ela ela está pouco de fodendo
a terra
ela gira e todas as coisas vivas começam a hurrar
ela está pouco se fodendo
ela gira
ela não pára de girar
e o sangue não pára de escorrer
Aonde vai todo esse sangue derramado
o sangue dos assassinatos... o sangue das guerras...
o sangue da miséria...
e o sangue dos homens torturados nas prisões...
o sangue das crianças torturadas tranquilamente pelos seus papais e suas mamães...
e o sangue dos homens que sangram pela cabeça
nas cabanas...
e o sangue do telhadista
quando o telhadista escorrega e cai do teto
E o sangue que chega e que escorre como grandes ondas**
com o récem nascido... com a criança nova
a mãe que grita... a criança chora...
o sangue escorre... a terra gira
a terra não pára de girar
o sangue não pára de escorrer
Aonde vai todo esse sangue derramado
o sangue dos espancados***... dos humiliados
dos suicidas... dos fuzilados... dos condenados...
e o sangue destes que morrem assim... por acidente.
Na rua passa um vivo
com todo o seu sangue dentro
de repente eis-o morto
e todo o seu sangue está pra fora
e os outros vivos fazem desaparacer o sangue
eles levam o corpo
mas o sangue é cabeçudo
e aí onde ele estava morto
muito mais tarde todo preto
um pouco de sangue se espalha ainda...
sangue coagulado
ferrugem da vida ferrugem dos corpos
sangue coalhado como o leite
como o leite quando ele passa****
quando ele gira com a terra
como a terra que gira
com seu leite... com suas vacas...
com seus vivos... com seus mortos...
a terra que gira com suas árvores... seus vivos... suas casas...
a terra que gira com seus casamentos...
os enterros...
as conchas...
os regimentos...
a terra que gira e que gira e que gira
com seus grandes riachos de sangue.


(Jacques Prévert, Paroles, 1946)

Notas da tradutora:

* "à traver" = atravessado, como o andar titubiante de um bêbado.
** "à grands flots" = a grandes ondas, se diz de um líquido ou coisa que se espalha com um certo ritmo, como o pulsar das ondas ou do sangue na batida do coração.
*** "matraqué" é batido com uma "matraque" (outra palavra para "cacetete", que vem do francês "casser la tête"=quebrar a cabeça) ; matraqué, significa, especificamente, pessoas que sofrem agressões pelos policiais em manifestações.
**** em francês quando um leite azeda, não diz que ele passa, se-diz que le "vira" (gira), daí o uso do verbo "tourner" por Prévert.

samedi 15 septembre 2018

Paris - Marc Lavoine

Robert Doisneau - Les chats de Paris la nuit

Marc Lavoine :

Et la version avec Souad Massi :


Paroles :

Je marche dans tes rues 
Qui me marchent sur les pieds 
Je bois dans tes cafés 

Je traîne dans tes métros 
Tes trottoirs m'aiment un peu trop 
Je rêve dans tes bistrots 

Je m'assoie sur tes bancs 
Je regarde tes monuments 
Je trinque à la santé de tes amants 
Je laisse couler ta seine 
Sous tes ponts, ta rengaine 
Toujours après la peine

Je pleure dans tes taxis 
Quand tu brilles sous la pluie 
Ce que tu es belle en pleine nuit

Je pisse dans tes caniveaux 
C'est de la faute à Hugo 
Et je picole en argot 

Je dors dans tes hôtels 
J'adore ta tour Eiffel 
Au moins elle, elle est fidèle

Quand je te quitte un peu loin 
Tu ressembles au chagrin 
Ça me fait un mal de chien 

Paris Paris combien 
Paris tout ce que tu veux 
Boulevard des bouleversés 
Paris tu m'as renversé 
Paris tu m'as laissé

Paris Paris combien 
Paris tout ce que tu veux 
Paris Paris tenu 
Paris Paris perdu 
Paris tu m'as laissé 
Sur ton pavé 

Je me réveille dans tes bras 
Sur tes quais y a de la joie 
Et des loups dans tes bois 

Je me glisse dans tes cinés 
Je me perds dans ton quartier 
Je m'y retrouverai jamais

Je nage au fil de tes gares 
Et mon regard s'égare 
Je vois passer des cafards sur tes bars

Je m'accroche aux réverbères 
Tes pigeons manquent pas d'air 
Et moi, de quoi j'ai l'air

Paris Paris combien 
Paris tout ce que tu veux 
Boulevard des bouleversés 
Paris tu m'as renversé 
Paris tu m'as laissé

Paris Paris combien 
Paris, tout ce que tu veux 
Paris Paris tenu 
Paris Paris perdu 
Paris tu m'as laissé
Sur ton pavé

Je marche dans tes rues 
Qui me marchent sur les pieds 
Je bois dans tes cafés 

Je traîne dans tes métros 
Tes trottoirs m'aiment un peu trop 
Je rêve dans tes bistrots

mercredi 12 septembre 2018

Douce France - Rachid Taha (groupe Carte de séjour)

Carte de séjour, groupe de rock qui a Rachid Taha comme chanteur et musicien, ici dans une version de la chanson Douce France, de Charles Trenet. 
Contre le racisme et la xénophobie, dans cette version il parle de la France et on écoute aussi son Algérie natale et, en plus, le rock !

Faisons le son, pas la guerre !

Carte de séjour (visto de permanência), banda de rock que tem Rachid Taha como cantor e músico, aqui em uma versão da canção Douce France, de Charles Trenet.
Contra o racismo e a xenofobia, nesta versão ele fala sobre a França e escutamos também a sua Argélia natal e, além disso, o rock!

Vamos fazer som, não a guerra!






Paroles :

Il revient à ma mémoire
Des souvenirs familiers
Je revois ma blouse noire
Lorsque j'étais écolier
Sur le chemin de l'école
Je chantais à pleine voix
Des romances sans paroles
Vieilles chansons d'autrefois

Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t'ai gardée dans mon cœur !
Mon village au clocher aux maisons sages
Où les enfants de mon âge
Ont partagé mon bonheur

Oui, je t'aime
Et je te donne ce poème
Oui, je t'aime
Dans la joie ou la douleur

Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t'ai gardée dans mon cœur

J'ai connu des paysages
Et des soleils merveilleux
Au cours de lointains voyages
Tout là-bas sous d'autres cieux
Mais combien je leur préfère
Mon ciel bleu mon horizon
Ma grande route et ma rivière
Ma prairie et ma maison



Tradução livre / traduction libre de Priscila Junglos

Volta a minha memória
Lembranças familiares
Eu revejo meu jaleco preto
De quando eu era aluno
No caminho da escola
Eu cantava bem alto
Romances sem falas
Velhas canções de outrora

Doce França
Querido país de minha infância
Embalado por uma terna despreocupação
Eu te guardei em meu coração!
Meu vilarejo com o campanário e as casas severas
Onde as crianças da minha idade
Compartilharam de minha felicidade

Sim, eu te amo
E te dou este poema
Sim, eu te amo
Na alegria ou na tristeza

Doce França
Querido país de minha infância
Embalado por uma terna despreocupação
Eu te guardei em meu coração!

Eu conheci paisagens
E sóis maravilhosos
No decorrer de longínquas viagens
Tudo, lá, sob outros céus
Mas como eu lhes prefiro
Meu céu azul, meu horizonte
Minha grande estrada e meu rio
Meu prado e minha casa

Versão original:


samedi 8 septembre 2018

"Sim, sei bem" de Ricardo Reis (Fernando Pessoa)

Sim, sei bem

Sim, sei bem
Que nunca serei alguém.
Sei de sobra
Que nunca terei uma obra.
Sei, enfim,
Que nunca saberei de mim.
Sim, mas agora,
Enquanto dura esta hora,
Este luar, estes ramos,
Esta paz em que estamos,
Deixem-me me crer
O que nunca poderei ser.


8-7-1931

in Odes de Ricardo Reis. Fernando Pessoa. (Notas de João Gaspar Simões e Luiz de Montalvor.) Lisboa: Ática, 1946 (imp.1994). - 133.



Traduction / Tradução de Priscila Junglos


Oui, je sais 

Oui, je sais 
Que je ne serai personne, jamais.
Je sais même trop
Que je ne ferai pas mon lot.  
Je sais, finalement
Que de moi jamais je ne saurai rien.
Oui, mais maintenant, 
Pendant ce moment,
Ce clair de lune, ces ramures
Cette paix dans laquelle on se trouve
Laissez-moi me sentir
Ce que je ne pourrai pas devenir.

Variante (3ª e 4 ª linha):

Je sais, j'ai toutes les preuves,
Que je ne ferai pas mon œuvre.